1) Le mode de vie
Vie en communauté
Les hippies se réunissaient et vivaient en communauté. Une communauté désigne un groupe de personnes
partageant le sentiment fort d’appartenance à un même ensemble. Selon Ferdinand
Tönnies, sociologue et philosophe allemand, en plus d’être fondée sur le « sentiment d’appartenance
subjectif », la communauté repose également sur des liens affectifs, des
sentiments, une proximité et une solidarité entre les membres du groupe.
En Amérique, dans les années 60, les premiers hippies
installés à San Francisco s’organisèrent en communautés, telle que la communauté
Haight-Ashbury, née grâce à la médiatisation des Merry Pranksters, un groupe
psychédélique. Ce quartier de San Francisco fut le lieu de rassemblement des
premiers authentiques hippies qui se retrouvaient dans des
« squats » (maisons abandonnées) sordides. Un véritable ghetto s'y organisa avec des « acid heads » , qui désignaient les « vétérans » ayant l'expérience des drogues hallucinogènes. Haight-Ashbury fut également le point de départ du « Summer of love » signifiant « Eté de l'amour ». Cette expression désignait l'été 1967 durant lequel les jeunes firent découvrir la contre-culture hippie. D'ailleurs, un slogan est né du « Summer of love ». Le « Flower Power » signifiant le « pouvoir des fleurs » était très scandé par les hippies. En effet, la fleur représentait pour eux un signe de non-violence et ils allaient même jusqu'à en porter dans leurs cheveux. Par ailleurs, le symbole de la paix était associé à la célèbre expression anglaise « peace and love ». Le graphiste britannique Gerald Holtom inventa ce symbole en 1958, lors d' une manifestation de la Campagne pour le désarmement nucléaire (CND).
Symbole Peace and love |
Further le bus des Merry Pranksters |
Le mouvement s’étendit petit à petit à l’ensemble des Etats-Unis. En effet, les hippies voulaient vivre à l’écart du tumulte du monde et de la vie superficielle, selon leurs propres règles. Le développement de ces communautés inquiétait les autorités. En France, l’apparition de ces communautés fut plus tardive et débuta seulement dans les années 70.
Alimentation et écologie
Dans leur vie quotidienne, les hippies avaient de nombreuses
normes et valeurs. Ils voulaient mener leur vie comme ils l’entendaient, sans
l'emprise de la pensée conservatrice de leurs parents. Ils s'éloignaient donc
de la vie bien rangée et coincée de la plupart des gens inscrits dans la
société capitaliste. En effet, les hippies valorisaient la campagne ou la
montagne pour se réunir car ils aspiraient à un retour à la nature. Cependant,
parfois, ils se réunissaient en ville mais quelque part où ils pouvaient
s'exprimer librement. Parallèlement, dans la communauté hippie, la nourriture
bio et le végétarisme commencèrent également à se développer. Cette
alimentation, notamment à base de riz, de soja et de blé, montrait le
prolongement de leur philosophie de la protection de la nature. Le végétarisme
supprimait la viande ainsi que les autres produits d’origine animale. De plus,
les hippies possédaient des fermes et des jardins communautaires dans lesquels
ils cultivaient leurs fruits et légumes. Enfin, ils consommaient ce que l'on appelle la nourriture macrobiotique. L'alimentation macrobiotique désigne une technique qui prétend nourrir l'organisme de la façon la plus juste possible, sans manque ni excès. Les hippies étaient ainsi parmi les premiers
à vouloir repenser la planète autrement, à vouloir la protéger et à prendre en
compte les constats de certains scientifiques, tels que Gregory Bateson qui
favorisait une prise de conscience dans le domaine de « l'écologie ».
D'ailleurs, ils posèrent les bases de l'écologie. Les
hippies pensaient donc à l'environnement et certains adoptèrent même des concepts de recyclage. Ils voulaient être libres dans la nature
sans pour autant la dégrader. Ainsi, leur
« flower power » devait résister à la société de consommation
qui polluait, sans se soucier de la nature. En effet, la société de l'époque,
contrairement aux hippies, ne se souciait pas de ses dépenses en termes de
nourriture et ne voyait aucun inconvénient à manger de la viande ou de la
nourriture industrielle.
Tenue vestimentaire
Cependant, ce qui était peut-être le plus flagrant était
leur révolution de l’apparence. Dans le livre Oh hippie Days d’Alain Dister, il
est écrit « tout ce qui portait cheveux longs, fringues bizarres et poil
au menton était à priori suspect ». En effet, les hippies portaient la
moustache, la barbe, les cheveux longs, les bandanas ainsi que les vêtements
larges, fleuris et colorés, en opposition avec les vêtements sombres
habituellement portés par la société de l'époque. Par ailleurs, pour les
hippies, les cheveux longs représentaient un signe de liberté individuelle,
dans une société, où les cheveux courts étaient considérés comme une exigence
de présentation. D'autre part, les bandanas étaient unisexes et les cheveux
longs et les pantalons étaient aussi bien portés par les hommes que par les
femmes, afin de briser les codes de la société. La bourgeoisie aisée de
l'époque se sentait menacée en s'apercevant que la différence entre les sexes
masculin et féminin n'était plus qu'une question de tenue et de coupe de
cheveux. Les hippies trouvaient le plus souvent leurs vêtements dans des friperies,
à la recherche de vieux vêtements d'occasion et démodés, à moindre coût. Tous
les artifices étaient bannis de leur culture, au nom du naturalisme et du rejet
de la société de consommation. Enfin, ils prônaient le naturisme : ils
avaient tendance à se promener, à se baigner complètement dénudés et à marcher
pieds nus.
Des hommes de bureaux américains dans les années 1960 |
La mode hippie a été lancée par Jimi Hendrix, Joe Cocker et Janis Joplin, lors du festival de Woodstock. Le décalage entre la mode de la société de l’époque et la mode de la culture hippie est flagrant dans les photos ci-contre. Même si les individus sont dans des situations complètement différentes (concert et bureaux), cela n'empêche pas qu'à l'époque il était inconcevable de se rendre au travail en pantalon « patte d'eph », par exemple.
Autres valeurs
De plus, comme nous le voyons dans le film Easy Rider de
Dennis Hoper, les hippies vivaient avec cette idée de vie fraternelle et de
partage, que ce soit au niveau du partage de nourriture ou du partage des
amours. Une autre valeur peut être notée, il s’agit de l’idée de gratuité. La
culture hippie se répandit avec ses idéaux de gratuité, d’échange, de
générosité et de fête accessible à tous.
Les hippies organisaient donc de nombreux concerts gratuits « Free
Concert ». Par exemple, dans le film Hair de Milos Forman, étaient
organisés des concerts gratuits dans Central Park. De même, dans le livre Oh
hippie Days d’Alain Dister, l’auteur fait référence à des « Free
Clinic » pour se soigner gratuitement et des « Free Store ».
Religion
A travers leur vie communautaire, les hippies voulaient
également enrichir leur vie spirituelle. En effet, les hippies puisaient dans
la philosophie orientale. Ils s’inspiraient ainsi du taoïsme, religion chinoise
et du bouddhisme zen pour la méditation et la pratique du yoga. Ils jugeaient
ces religions plus authentiques que les pratiques religieuses dont ils avaient
hérité. A cette époque, aux Etats-Unis, la religion principale était alors la
chrétienté. Durant les années 1960-1970, il y avait plus de 60% de protestants
et plus de 20% de catholiques.
Les Beatles lors d'une séance de méditation en 1967 |
2) La recherche de liberté
La liberté sexuelle
Les hippies
souhaitaient se libérer de l'emprise de cette société conservatrice,
libérer leurs esprits, se rapprocher de la nature et vivre comme bon
leur semblait. Les mœurs conservatrices ne convenaient plus à cette
nouvelle génération qui cherchait à s'émanciper, à devenir libre.
La commercialisation et la légalisation de la pilule contraceptive
s'élargirent. La pilule fut autorisée en 1960 aux États-Unis et en 1967
en France. De plus, l'avortement fut également généralisé. Dans ce
contexte, les hippies qui vivaient en communauté avaient pour mot d'ordre
« free love » ou l'amour libre. Ils rejetaient le mariage
traditionnel et se voulaient libres de leur sexualité. Le point d'orgue
de cette liberté se cachait dans le plaisir, ils l’affirmaient et le
revendiquaient, en particulier les femmes hippies, qui prônaient une
image de femme libérée. Tandis que dans les couples américains, par exemple, au cours des années soixante, la norme était aux lits jumeaux séparés, ils n'affichaient pas leur sexualité. Le sexe était un sujet tabou qui ne devait pas être affiché, dans les pays d'occidents plutôt puritains. Jusque dans les années 1960, le Code Hays à Hollywood empêchait les couples à l'écran de dormir ensemble. Les hippies représentaient donc une contre-culture dont les normes étaient à l’opposé de celles de la société de l'époque encore très marquées par un esprit conservateur.
Le pacifisme
« Faites
l'amour pas la guerre... » ce slogan né de la contre-culture
hippie, a traversé les années et nous retransmet clairement l'état
d'esprit hippie. Ce fameux « peace and love » était une
valeur centrale de leur mode de vie. Le pacifisme représentait une norme
fondamentale chez les hippies ; au pouvoir des armes, ceux-ci répondaient
par le pouvoir des fleurs et de l'amour. Leur utopie correspondait à
l'amour répandu dans le monde entier et à la paix. Traumatisés par
la guerre du Vietnam où des millions de jeunes mouraient, appelés par
l'armée américaine à combattre pour servir leur patrie, les jeunes
hippies ne voulaient pas partir. Ils ne désiraient en aucun cas prendre une
arme et tirer sur les vietnamiens mais pensaient plutôt à tendre l'autre joue pour instaurer la paix. De plus, ils souhaitaient être libres de leur choix, ce
n'était pas un ordre de la société qu'ils refusaient qui pourrait les guider.
La jeune fille à la fleur de Marc Riboud prise le 21 octobre 1967 lors de la manifestation contre la guerre à Washington |
La consommation de drogues
Les
drogues telles que la marijuana et le LSD en particulier tenaient une place
importante dans cette contre-culture. Dans les années 1960,
certaines substances hallucinogènes appelées « drogues
psychédéliques » devinrent l’emblème de cette
contre-culture ou plutôt de cette « drug culture ». Ces
substances apparaissaient comme un moyen d’évasion. Pour les hippies, la révolution pacifique qu'ils voulaient accomplir avait pour mot d'ordre peace and love. Ils pensaient qu'il fallait « changer le monde » en « changeant les esprits » comme le décrit une chanson des Beatles, Revolution. Pour eux, le changement d'esprit et la libération de celui-ci passaient par la consommation de LSD. Le LSD fut la
drogue à la mode et à l’image des hippies. L’acide lysergique
diéthylamide fut fabriqué en 1938 par le chimiste Albert Hofmann et
fut caractérisé comme la drogue la plus puissante des
hallucinogènes. Le LSD devint un véritable mythe associé d’abord
à la Beat generation puis au mouvement hippie. Les hippies étaient
des consommateurs de LSD et de drogues en tous genres. Par ailleurs, d'autres célébrités issues de la culture hippie, tombèrent dans la consommation de LSD et en moururent comme Janis Joplin ou Jimi Hendrix. Des slogans poussaient les hippies à
consommer ces drogues tels que « Free dope for everyone »
ou encore « Let’s smoke dope ». Le LSD provoquait des
hallucinations, des illusions ou encore des crises de folie. Par
exemple, dans le film Easy Rider de Dennis Hopper, les deux
protagonistes prennent du LSD dans un cimetière et sont victimes de
fortes hallucinations. En outre, à l'époque, le LSD était une drogue peu chère coûtant seulement 2 dollars voire moins et était également facile d'utilisation.
Les hippies prenaient donc de ces drogues en quantité massive. Cette pratique se répandit à travers les hippies du monde entier, elle gagna Londres dans les années 1966 ainsi que la France à la même époque. Au fur et à mesure, les hippies firent face à des restrictions des Etats face à la consommation de drogues. De nombreuses vedettes du mouvement hippies furent arrêtées pour être en possession de ces substances telles que Mick Jagger et Keith Richards des Rolling Stones en 1967. La prise de drogues devint illégale aux Etats-Unis, à la fin de l'année 1967. Puis, cette consommation fut décrétée hors la loi dans le monde entier par l'ONU. Les hippies, par l'utilisation de drogues jugées illégales, avaient donc des pratiques propres à leur culture qui étaient condamnées par la société dominante.
Photo de hippie vendant de l' acid c'est à dire du LSD |
Les hippies prenaient donc de ces drogues en quantité massive. Cette pratique se répandit à travers les hippies du monde entier, elle gagna Londres dans les années 1966 ainsi que la France à la même époque. Au fur et à mesure, les hippies firent face à des restrictions des Etats face à la consommation de drogues. De nombreuses vedettes du mouvement hippies furent arrêtées pour être en possession de ces substances telles que Mick Jagger et Keith Richards des Rolling Stones en 1967. La prise de drogues devint illégale aux Etats-Unis, à la fin de l'année 1967. Puis, cette consommation fut décrétée hors la loi dans le monde entier par l'ONU. Les hippies, par l'utilisation de drogues jugées illégales, avaient donc des pratiques propres à leur culture qui étaient condamnées par la société dominante.
« Les drogues ont coloré nos perceptions et nous nous sommes rendu compte qu'elles coloraient tout »
Paul McCartney