III- La diffusion de la culture hippie

1) Les rassemblements et les voyages

Le mouvement hippie se caractérisait par son aspect communautaire. Ainsi, les membres de la communauté hippie se réunissaient autour de manifestations, de festivals mais également de voyages pour exprimer leurs idées et se regrouper.

Summer of love, 1967 : 
L'été 1967 marqua la naissance de la contre-culture hippie. Dans le quartier de Haight Asbury à San Francisco se rassembla la première communauté hippie. Lors de l'Human Be-in, le premier rassemblement du Summer of Love, des centaines de personnes se réunirent le 14 janvier 1967 au Golden Gate Park à San Francisco. De nombreux écrivains étaient présents et un concert fut organisé. Par la suite, des centaines de milliers de jeunes entre quinze et trente ans se rassemblèrent et menèrent une vie communautaire dans la ville de San Francisco durant l'été. La liberté était totale, ils méditaient, pratiquaient le culte bouddhiste et consommaient des drogues. 

Photo colorisée de Jim Marshall représentant un rassemblement du Summer of Love autour d'un concert

 
Le mouvement de Mai 68 en France :

Les événements de Mai 68 s'inscrivaient dans le contexte du mouvement hippie. Les revendications des jeunes étudiants de 68 étaient semblables à celles des hippies. Ils réclamaient plus de liberté dans la parole et la sexualité et souhaitaient se libérer de la société de consommation née des Trente Glorieuses. Ils critiquaient la politique du président Charles de Gaulle qui exerçait, selon eux, une « dictature » sur les jeunes. 


Une manifestante qui revendique les droits des femmes

Les voyages des hippies : les « hippie trails »

Les hippies effectuaient des voyages spirituels où ils traversaient l'Europe pour se rendre en Asie et plus particulièrement à Katmandou, la capitale religieuse et politique du Népal. Le but de ces voyageurs était de découvrir le mode de vie asiatique et de s'en imprégner. Ils voulaient rompre le contact avec la société occidentale à laquelle ils appartenaient. Ils voyageaient donc avec très peu de moyens pour connaître une expérience plus enrichissante spirituellement et établissaient beaucoup de contacts avec les personnes qu'ils rencontraient durant leurs voyages. En Asie, il était également plus simple de se procurer et de consommer de la drogue douce ou dure. 



Une leçon de bouddhisme sur les hauteurs du Katmandou
                      
Comme de nombreux hippies, les Beatles réalisèrent un voyage de trois mois en Inde, à Rishikesh en 1968, afin de recevoir un enseignement sur la méditation. C'est lors de ce séjour que les Beatles composèrent la plupart des morceaux de l'album blanc. Ils puisèrent de ce voyage des influences orientales dans leur musique.


Les Beatles à Rishikesh en 1968 
                                                                      
Woodstock (1969) : Woodstock fut le festival de musique emblématique des années 60. Il prit place en 1969 à Bethel dans l'état de New York. Les plus grands artistes de l'époque tels que Janis Joplin, The Who, Joe Cocker et Jimi Hendrix s'y produirent devant un public de plus de 500 000 spectateurs. Ce festival fut un événement historique qui marqua les mémoires des Américains mais également du monde entier. Les artistes profitèrent du succès de cet événement pour faire passer leurs messages contestataires. 

Country Joe Mcdonald « I-Feel-Like-I'm-Fixin'-To-Die-Rag »
Ce morceau critique la guerre du Vietnam. Lors du festival de Woodstock, Country Joe Mcdonald demanda aux spectateurs d’épeler avec lui le mot « FUCK » en signe de protestation contre le gouvernement et la guerre du Vietnam. Le chanteur appartenait d'ailleurs à un groupe nommé « Country Joe and the Fish ». Le nom du groupe est une référence à Staline qui était surnommé « Country Joe », lors de la seconde guerre mondiale. « The Fish » ferait référence à une citation de Mao Zedong : « L'armée doit être dans le peuple comme un poisson dans l'eau ». 

Dans cette chanson, Country Joe Mcdonald critique d'abord  l'enrôlement dans l'armée : « Come on all of you big strong men / Uncle Sam needs your help again ». Puis, il dénonce la stupidité de conflit : « so put down your books /and pick up a gun /we're gonna have a whole lotta fun ».  
Dans le refrain, le chanteur critique l'absurdité de la guerre : « What are we figthing for?/ Don't ask me I don't give a damn/ Next stop is Vietnam ».
Avec les paroles « There's plenty good money to be made/ By supplying the army with the tools of the trade », le texte insinue que l'Etat américain s'est engagé dans cette guerre en quête de profit économique.
Enfin, il dénonce l'envoi de jeunes innocents vers une mort probable : « Whoopee! we're all gonna die». « Send your sons off before it's too late/ be the first one of your block/ To have your son come home in a box ». 





Jimi Hendrix « Star spangled banner » Woodstock, 1969
Sur la scène de Woodstock, Jimi Hendrix reprit avec sa guitare électrique « Star-Spangled banner », l’hymne américain. Cependant, il employa avec sa guitare des effets (distorsion, pédale wah-wah) pour déformer l’hymne américain et imiter le son des bombes et des cris au Vietnam. Jimi Hendrix s’attaqua à un des plus grands symboles de l’Amérique pour dénoncer la violence de la guerre du Vietnam.





2) Les arts engagés 

Les arts engagés ont peut-être été le meilleur moyen de diffuser la culture hippie pendant les années 60 et 70. Ils véhiculent les valeurs hippies telles que la liberté et critiquent également la société des années 60 ainsi que la guerre du Vietnam.

Par la musique :

La musique a évolué de manière significative durant la période hippie. En effet, pendant la fin des années 60, de très nombreux artistes et groupes apparurent sur la scène musicale américaine et mondiale. Ces nouveaux artistes étaient généralement jeunes et adhéraient aux valeurs du mouvement hippie. Leur musique était donc un témoignage de leurs valeurs et de leurs idées.

- La recherche de liberté : « Imagine », John Lennon
Dans cette chanson écrite en 1971, John Lennon décrit à travers ses paroles un monde utopique. Dans ce monde, il n'existe ni pays, ni religion pour diviser les hommes et engendrer des guerres : 

« Imagine there's no countries
It isn't hard to do
Nothing to kill or die for
And no religion too »

Dans cette utopie décrite par John Lennon, les hommes ne possèdent pas et ne font pas preuve de cupidité : 
« Imagine no possessions
I wonder if you can
No need for greed or hunger
A brotherhood of man
Imagine all the people
Sharing all the world... »


« Imagine » est avant tout un message de paix universel qui témoigne de l'optimisme des hippies malgré la forte opposition entre leurs valeurs et le monde dans lequel ils vivent.



- La drogue et l’influence psychédélique : la période hippie marqua la naissance d’un nouveau genre musical, le rock psychédélique. Les artistes décrivaient avec les paroles de leurs chansons les effets des drogues comme le LSD.
Exemple : The Beatles, « Lucy in the sky with diamonds », 1967
Dans cette chanson, les Beatles décrivent les effets du LSD. D’ailleurs ces trois lettres sont les initiales de la chanson. Les paroles décrivent une jeune fille avec « des yeux kaléidoscopiques » ainsi que des fleurs jaunes et vertes en cellophane. Le guitariste emploie un instrument à corde indien, la tampura, pour ajouter une touche orientale et psychédélique au morceau.



- Le « Flower Power » : « San Francisco », Scott McKenzie, 1967
Ce morceau est l'un des hymnes du « Flower Power » et du « Summer of love » de 1967 à San Francisco. Il fut écrit par John Philips de The Mamas & the Papas puis le chanteur Scott McKenzie l'interpréta.  Cette chanson est un témoignage du « Summer of love » de San Francisco.




Par le cinéma :

« Easy Rider », Dennis Hopper, 1969

Le film Easy Rider est un témoignage de la place que tenaient les hippies dans les années 60. Durant tout le film, le spectateur suit le voyage de deux motards californiens qui traversent les États-Unis pour se rendre au carnaval de la Nouvelle-Orléans en Louisiane. Durant leur périple, les deux hommes s'arrêtent dans une communauté de hippies ; ils vivent tous ensembles, consomment de l'alcool et de la drogue (cannabis, LSD) et vivent avec des normes beaucoup moins strictes que celles de la société américaine. Ils se baignent nus, ont les cheveux longs, une barbe et une moustache. Leur style vestimentaire est également anticonformiste. Dans une scène où les personnages principaux pénètrent dans un restaurant, tous les clients jugent leur apparence. Cela témoigne donc du mépris que ressentaient certains Américains envers la contre-culture hippie qui avait des normes et des valeurs différentes. « Easy Rider » témoigne donc de manière sarcastique de l'intolérance et incite à la liberté et à la libération.